Who's Who

Donald P. Bellisario

C’est probablement un des noms les plus inconnus de la télévision. Pourtant si vous avez entre 20 et 30 ans, vous avez au moins vu une fois un épisode de Donald P. Bellisario. Si je vous dis qu’il est particulièrement influencé par l’uniforme (probablement parce qu’il a lui-même servi 4 ans dans les Marines), qu’il fait souvent référence au Vietnam, cela vous aiguillera probablement vers Magnum et le JAG auxquels il faut ajouter Code Quantum.

Donald P. Bellisario est diplômé de journalisme de l’Université de Pennsylvanie. C’est d’abord dans l’univers de la publicité qu’il récolte ses premiers succès. S’il travaille en tant que rédacteur dans une petite agence de publicité de Lancaster, il sera ensuite engagé dans la célèbre Bloom Agency de Dallas dont il deviendra, 8 ans plus tard, le vice-président.

Apparemment, cela ne l’amusait plus. Il migre à Hollywood pour une tout autre orientation. Il débute dans la fiction en écrivant un épisode pour Les Têtes Brûlées de Stephen J. Cannell.

Après seulement 5 épisodes, il est promu producteur pendant un an. Cannell avait su s’entourer: Donald Bellisario, Chuck Bowman (qui fera ensuite L’Incroyable Hulk), Philip De Guere (qui fera ensuite Max Headroom). Tous trois étaient des débutants, ils auront un futur plutôt intéressant. Donald P. Bellisario n’est pas le moindre.

Après sa collaboration avec Cannell, Bellisario s’associe avec Glen Larson comme producteur et superviseur des scénarios sur Battlestar Galactica. C’est ensemble qu’ils donneront ensuite naissance à Magnum.

La série remporte le succès que l’ont connaît et permet à Bellisario de s’établir seul. Dans les années ’80, il enchaîne plusieurs séries comme Tales Of The Gold Monkey (1982), Supercopter (1984), Last Rites (un film, 1988), avant de créer son second succès: Code Quantum (1989).

Certains ont vu dans cette série l’œuvre maîtresse de Bellisario. Elle était ambitieuse en effet: convaincre le téléspectateur qu’un homme peut voyager dans l’espace-temps pour réparer les fautes commises dans le passé.

Donald P. Bellisario n’est pas toujours d’une qualité constante, Supercopter n’est pas un chef d’œuvre, loin de là, mais Code Quantum est une bonne surprise. C’est probablement une série très importante pour Bellisario qui y a intégré des détails autobiographiques. Une bonne partie de sa famille y travaille.

Code Quantum est également l’une des rares apparitions de Bellisario à l’écran. Dans « Histoires De Fantômes Sournois » (2.19), il joue le reflet de Sam dans le miroir. Vous vous souvenez tous de ce moment, où le scientifique passe dans un nouveau corps, où il regarde son reflet avant de s’écrier: « Oh Bravo! ».

L’actualité plus récente, c’est d’abord le JAG (1995) qui lui permet de se replonger dans l’univers militaire qu’il affectionne. Probablement pourra-t-on en dire également qu’elle est l’œuvre maîtresse de l’auteur. La série mêle policier et corps d’armée et permet d’entrer dans le monde fermé de la grande muette.

Les crimes qui y sont commis, les attitudes de certains militaires offrent un point de vue un peu nuancé. Mais la critique est peu appuyée, la série reste un ode au courage et à la droiture des soldats. Harmon Rabb fait figure de héros sans aucun reproches. Il relie avec la tradition du sex-appeal et du tombeur de ces dames de Magnum.

Il existe une marque Bellisario. Les héros sont généralement deux hommes dont l’un semble le donneur de conseil et l’autre l’actif de service. La paire Magnum/Higgins ou Springfellow Hawke et Santini dans Supercopter. En filigrane, on peut y lire l’importance des rapports père/fils pour Bellisario. Les allusions au géniteur et à son influence sont innombrables dans ses séries.

La plupart de ses héros sont d’ailleurs à la recherche d’un ou de plusieurs de leurs proches. Springfellow recherche son frère disparu au Vietnam. La quête peut être symbolique (Sam Beckett ne se remet pas de la mort de son frère au combat, Harmon Rabb tente d’en savoir plus sur la vie, notamment professionnelle, de son père). Vous l’aurez compris la Guerre du Vietnam a également marqué l’imaginaire de Bellisario.

Nous venons de citer quelques exemples de familles décimées par le conflit. Magnum reste l’image la plus marquante du vétéran également de cette guerre.

Enfin, est-il besoin de répéter l’importance des différents corps armés des Etats-Unis? L’armée constitue le décor de beaucoup de séries comme dans JAG, un sous-entendu incessant comme dans Magnum. Bellisario en aime la discipline, le sens de la bravoure, les uniformes, mais également la technologie (les avions dans JAG, l’hélicoptère dans Supercopter, la physique dans Code Quantum).

En 2001-2002, Bellisario crée avec Paul Lévine First Monday, série dont l’action se déroule à la Cour Suprême. La série n’a survécu qu’une seule saison. Bellisario ambitionnait de lever le voile de mystère qui entoure la plus haute cours du pays. Les critiques n’étaient pas mauvaises…

En 2003, il retrouvera le succès public avec le spin-off de JAG, NCIS: Enquêtes Spéciales.

Who’s Who

Donald P. Bellisario

Le Podcast

Intervenant: Sarah Sepulchre.

Durée: 04’04 min.

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Crédits Photos:
Belisarius ProductionsNBC ProductionsParamount Network Television ProductionsParamount Television

Sarah Sepulchre

Sarah Sepulchre est professeure à l’Université de Louvain (UCL, Belgique). Ses recherches portent sur les médias, les fictions, les cultures populaires, les gender studies et particulièrement sur les représentations, les liens entre réalité et fiction. Sa thèse de doctorat était centrée sur les personnages de séries télévisées.
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